« La guerre intérieure » : aux États-Unis, la menace constante d’une insurrection

De l’émergence du Ku Klux Klan à celle de milices armées d’extrême droite, ce documentaire diffusé sur Arte dresse le portrait d’un pays prêt à chuter dans un conflit armé depuis un siècle.

Washington D.C., le 6 janvier 2021. Des milliers de partisans pro-Trump lancent un assaut sur le Capitole, qui regroupe la Chambre des représentants, la Cour suprême et le Sénat. Leur objectif est clair : ils souhaitent éviter que le Congrès états-unien valide le résultat de l’élection présidentielle de novembre 2020, qui donne le candidat démocrate, Joe Biden, gagnant.

« Une armée pour Trump », motivée par les déclarations de l’ancien chef d’État, a ainsi tenté de s’approprier le pouvoir, sous le prétexte d’une élection qu’elle juge truquée. Au-delà de l’attaque en elle-même, l’un des facteurs qui a immédiatement inquiété les observateurs est l’omniprésence de militaires revenus du front au sein des insurrectionnels. C’est pourquoi Charlie Sadoff, Kenneth Harbaugh et Sebastian Junger, auteurs du documentaire, l’ont intitulé États-Unis, la guerre intérieure. Car c’est bien la peur d’un conflit armé qui règne au sein de la première puissance mondiale.

Une autorité sans égale

Le phénomène n’est pourtant pas apparu hier. L’héritage des mouvements suprémacistes blancs, le Ku Klux Klan (KKK) en tête, a joué un rôle prépondérant dans l’apparition de mouvances comme QAnon. Le documentaire revient notamment sur la puissance dont jouissait le KKK, qui « est parvenu à empêcher les Afro-Américains de voter pendant cent ans », rappelle Simon Clark, directeur du think tank Foreign Policy for America.

Durant la période de l’entre-deux-guerres, l’organisation atteint 4 millions de membres, dont 10 % de l’État de l’Indiana et des pontes du Parti démocrate. En 2023, les milices armées – en grande partie composées de vétérans de la guerre d’Irak – ont repris le flambeau. Pire, cette configuration leur permet de profiter d’un soutien inédit : les anciens militaires jouissent d’une légitimité et d’une autorité sans égale au sein de la population.

« Un problème pour les jeunes vétérans, c’est que certains de ces personnages manipulateurs sont d’anciens hauts gradés », regrette par exemple le thérapeute Michael Washington. De quoi rendre ces groupuscules d’extrême droite redoutables, tant leurs membres sont formés à la stratégie militaire. Président de l’ONG Human Rights First, Michael Breen explique ainsi : « Les groupes dont il faut vraiment se méfier sont ceux dont vous découvrez l’existence après deux ans de conflits, parce qu’ils sont tactiquement patients et qu’ils vous surveillent. »

États-Unis, la guerre intérieure, Arte, 22 h 55, mardi 2 janvier

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